De la révolution industrielle aux années 1990
La Salpêtrière : de l’hospice à l’hôpital
Tout commence en 1612. Marie de Médicis, épouse d’Henri IV, crée l’hospice « Notre-Dame de la Pitié » sur l’emplacement d’un ancien jeu de paume (occupé depuis 1926 par la Mosquée de Paris). Quelques années plus tard, son fils Louis XIII y installe « le Petit Arsenal » ou « Salpêtrière », où le salpêtre indispensable à la poudre à canon est fabriqué. En 1656, Louis XIV signe un édit royal portant sur la création d’un « hôpital général pour le renfermement des pauvres de Paris ». Chargée d’interner les mendiants, les marginaux et les vagabonds, cette institution comptera trois établissements : la Pitié pour les enfants, Bicêtre pour les hommes et la Salpêtrière pour les femmes. Pendant deux siècles, la Salpêtrière sera tout à la fois asile, hospice, prison, maison de redressement… mais pas un hôpital au sens moderne du terme. À la veille de la Révolution, elle accueille près de 8 000 pensionnaires, souvent enfermées et traitées de façon épouvantable. Au cours du XIXe siècle, la Salpêtrière se mue progressivement en un véritable lieu de soins. Le XXe siècle voit l’abandon de l’asile d’aliénées, en 1921, et celui de l’hospice en 1968. En 1964, la Salpêtrière et la Pitié fusionnent pour former le plus grand groupe hospitalier d’Europe avec une superficie de 33 hectares, plus de 1 700 lits d’hospitalisation et environ 7 800 personnes travaillant sur le site.
Des murs murant
Contrôler les passages. Taxer les marchands. Empêcher les ennemis d’envahir Paris. Au fil des siècles, divers impératifs ont conduit à la construction de murs successifs.
À la fin du XVIIIe siècle, c’est le mur des Fermiers Généraux qui permet la perception d’un impôt sur les marchandises entrant dans la ville (zone rose sur la carte). Cette construction fort impopulaire suscita de nombreuses contestations, comme le rappelle cet alexandrin anonyme, « Le mur murant Paris rend Paris murmurant ». En 1840, c’est la politique défensive du gouvernement d’Adolphe Thiers qui fait émerger un nouveau projet : la création d’une enceinte de 33 kilomètres de long entre les actuels boulevards des Maréchaux et l’emplacement du périphérique pour protéger Paris en cas de conflit (ligne rouge sur la carte). Ces « fortifs », qui n’empêcheront pas les Prussiens de bombarder Paris à partir de décembre 1870, seront détruites entre 1919 et 1929. Enfin, ce sont les voies ferrées et le périphérique qui viendront à leur tour « enfermer » le quartier en l’isolant de la Seine, d’une part, et de la ville limitrophe d’Ivry, d’autre part.
Un développement industriel intensif
C’est au XIXe siècle que le quartier devient véritablement industriel. En 1829, l’ouverture de la route Paris-Bâle s’accompagne de l’implantation d’usines de toute taille. En 1840, la construction de la gare d’Austerlitz – d’abord appelée gare d’Orléans – confirmera le territoire dans cette nouvelle vocation.
Située entre la porte de Choisy et la porte d’Ivry, l’usine Panhard & Levassor était destinée à la construction d’automobiles. En 1991, l’extrémité du boulevard Masséna a été rebaptisée Panhard-Levassor à l’occasion du centenaire de la commercialisation de la première voiture sortie de leurs ateliers.
En 1832, Louis Say achète un grand terrain occupé par des maraîchers et des horticulteurs dans la plaine d’Ivry. Les ouvriers de la « Raffinerie de la Jamaïque » y raffinent le sucre, détaillé ensuite en pains. L’usine restera en activité pendant 135 ans, employant près de 800 personnes à sa fermeture en 1968. Il ne reste rien de ce qui fut l’un des plus importants complexes industriels de Paris, si ce n’est le nom du square Say.
La société des Grands Moulins est fondée en 1916 afin d’améliorer le ravitaillement de la capitale. De 1917 à 1921, un vaste site est construit, comprenant silos, moulin, magasins, sacherie, bâtiment de nettoyage. Ce site est considéré comme le plus grand moulin du monde et peut broyer jusqu’à 1 700 tonnes de blé par jour. L’activité des Grands Moulins de Paris est transférée en 1996 à Gennevilliers et à Verneuil-l’Étang. Une grande partie des bâtiments sont détruits, à l’exception d’un grand quadrilatère et de la halle aux farines actuellement occupés par l’université Paris-Cité.
Mise en service en 1891, l’usine de la Société urbaine de distribution d’air comprimé a produit de l’air comprimé pour Paris et sa proche banlieue durant plus d’un siècle. Utilisé dans les ascenseurs, les monte-charges, les palans, les grues, les outils pneumatiques divers ou encore les horloges, cet air comprimé nécessitait d’importantes infrastructures. « J’ignorais que pour comprimer l’air il fallut disposer d’une cheminée de cette taille », s’étonne ainsi l’écrivain Jacques Réda dans son livre Le Citadin. Tout comme les principaux bâtiments des grands moulins, l’usine est protégée par les Monuments historiques. Depuis 2007, elle accueille une école d’architecture.
Des bâtiments réhabilités
Pendant des années, la gare a essaimé de nombreux ateliers et entrepôts pour assurer son activité. Sauvegardés de la démolition, certains d’entre eux ont trouvé une nouvelle vocation et constituent désormais des lieux remarquables dont la notoriété dépasse largement les frontières du quartier.
Ouverts en 1921, les entrepôts frigorifiques ferroviaires, ou Frigos, servaient à stocker la nourriture qui était ensuite acheminée jusqu’au marché des Halles de Paris. En 1971, le déménagement des Halles vers Rungis marque la fin de leur activité. Laissés hors d’usage pendant plusieurs années, les Frigos renaissent lorsque la SNCF décide de louer ces vastes locaux industriels à des artistes. Dans les années 1980, l’espace devient même un lieu incontournable de l’art contemporain de la capitale. Un endroit « tendance », où de grands noms se produisent, à l’instar de Miles Davis ou Madonna. Définitivement réhabilités, les Frigos accueillent toujours de nombreux ateliers de créateurs et d’architectes.
La Halle Freyssinet
La Halle Freyssinet est un ancien bâtiment ferroviaire qui a abrité les activités d’acheminement de colis ou de marchandises de la gare d’Austerlitz jusqu’en 2006. Inscrite au titre des Monuments historiques, elle accueille depuis 2017 Station F, le plus grand campus de start-up du numérique au monde avec 3 000 entrepreneurs dont 1 000 start-up. Le Groupe BPCE y a notamment organisé son premier anniversaire.
Le Groupe BPCE organise, le 21 juin 2011, son premier anniversaire à la Halle Freyssinet.