Perspectives

Une œuvre à huit facettes

Perspectives

Une œuvre à huit facettes

Didier Brault, directeur de studio aux Ateliers Jean Nouvel depuis 1987, a suivi de nombreux projets à Paris au côté de l’architecte Jean Nouvel, dont le musée du Quai Branly, la Fondation Cartier et la tour la Marseillaise. Ce qui le passionne : la richesse des projets et des aventures à chaque fois singulières dans la création de structures uniques.

Comment avez-vous travaillé sur le projet des Tours Duo ?

Le concours des Tours Duo a été lancé en 2011 : j’ai commencé à travailler sur la phase des études début 2013 pour un achèvement du chantier en 2022. Dix ans, cela peut sembler long, mais ce type de projet avec un ouvrage d’une taille exceptionnelle requiert de nombreuses opérations. Celles-ci se sont très bien déroulées : depuis le lancement des études, l’obtention du permis de construire, la recherche de locataires… Il n’y a eu aucune rupture car nous avons pu passer toutes les étapes administratives sereinement.

Quels sont les défis architecturaux que vous avez dû surmonter ?

Lors d’un concours, nous définissons le projet dans son concept puis nous réalisons des études pour en connaître les possibilités de réalisation. La particularité de ces tours réside dans leur structure très complexe avec une silhouette inclinée, une tête désaxée et un empilement des volumes.

Les façades ont été très longues à concevoir avec des géométries complexes à mettre en œuvre. Notre souhait était de travailler à fond sur les reflets pour que les écailles de la tour difractent l’image. Les défis étaient nombreux : trouver le bon reflet, arriver à faire tenir les façades, choisir le bon matériau garantissant suffisamment de transparence pour les usagers à l’intérieur et de reflets pour l’extérieur. Pour les vitrages, nous avons travaillé à partir de dessins et de maquettes, mais aussi de prototypes à l’échelle réelle sur deux étages pour tester les effets en grandeur nature.

D’autres innovations ont été développées par rapport à la morphologie du projet. Pour la tête de Duo Est, la grande tour, la structure est très complexe sans que cela soit visible. Pour atteindre ce résultat, nous avons utilisé des technologies et une charpente métallique sur-mesure. Le résultat est impressionnant. Lorsque l’on regarde ce bâtiment, on le reconnaît en un clin coup d’œil. La réalité dépasse souvent nos attentes. Aujourd’hui, la visibilité des Tours Duo est beaucoup plus étendue dans le paysage parisien que lors nos prévisions initiales.

Enfin, l’inclinaison des tours est un véritable sujet : elles sont penchées jusqu’à cinq degrés, cela paraît peu, mais c’est très impactant sur leur structure. Nous avons dû enlever un demi-degré pour être raisonnables par rapport aux charges techniques.

Quel est le meilleur point de vue sur les tours ?

C’est littéralement une œuvre à huit facettes ! Selon l’endroit où on se trouve, nous pouvons apercevoir différentes versions des tours : une tour, les deux tours, l’espace en V entre les deux. Depuis l’avenue de France on en voit qu’une, et en fonction du point de vue, la silhouette change complètement.

Didier Brault

Directeur de studio aux Ateliers Jean Nouvel

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